DARRYL WORLEY

" Quand j'écris, je parle de ce qui me dérange, et parfois, les gens se sentent mal à l'aise - mais je n'ai pas le choix, si c'est pour la vérité. "
Darryl Worley affiche cette franchise avec honnêteté.
Né et élevé au cœur de Hardin County, la capitale mondiale du poisson-chat, il a connu très tôt la dureté de la vie. Ballotté entre travail dur et périodes instables, il puise dans sa vie des moments vrais qu'il distille simplement dans ses chansons. Et il les livre avec un tel naturel que ses chansons nous font dire : " voilà ce que je connais " .
La country music a été pendant longtemps la voix des travailleurs qui vivaient pleinement leur vie, avec des sentiments profonds de sincérité et de dignité. Et ce sont ces mêmes personnes qui aiment les chansons de Darryl Worley, car elles s'y retrouvent.

Darryl Worley est né à Pyburn dans le Tennessee, un endroit si petit qu'il se demande s'il y a assez de gens pour les appeler une population, un endroit où la musique circule dans son sang depuis très longtemps. Il vient d'une longue lignée de musiciens (" la musique était partout, des deux côtés de ma famille "). Du côté de son père, il y avait des ménestrels et des professeurs de musique. Du côté de sa mère, son grand-père Jones jouait du banjo et dirigeait un night-club qui s'appelait le " Oakdale " ( aujourd'hui le " Moose Lodge "). Darryl a commencé à jouer de l'harmonica à cinq ans et à jouer de la guitare à huit ou neuf ans grâce à son grand-père Jones. Son premier souvenir musical est son grand-père jouant du banjo sur le porche de la maison.
" Il avait l'habitude de jouer " Frankie and Johnny " et d'autres chansons de bluegrass que j'entends encore. Et il nous disait : " apprenez à jouer d'un instrument, parce que rien n'est plus relaxant que de rentrer chez soi et de faire quelques accords . Ca te calme et ça te remets les pieds sur terre " ".
Sa famille les a tous encouragé pour que la musique devienne indispensable dans leur vie : son plus grand frère Barry est un grand pianiste et chanteur, son grand frère Tommy est un très bon guitariste, compositeur et chanteur. Avec leur mère, ils jouaient dans des Eglises et chantaient dans des chœurs. Darryl était le chanteur principal du trio et la musique l'a aidé à traverser les bouleversements de son adolescence. Sa mère avant chaque représentation lui répétait : " souviens-toi pourquoi tu es ici " . Cette phrase est devenue un leitmotiv pendant toute sa carrière.

Son père, Tom Worley, a, dans sa quarantaine, brusquement démissionné de son poste de papetier et a abandonné sa vie stable pour une vie itinérante dans le centre du Tennessee, en tant que prédicateur pour l'Eglise Méthodiste. Pendant quelque temps, sa mère, Bonnie, s'est séparée de son mari. Cette période a profondément marqué Darryl. Ils ont vécu pendant cinq ans éloignés de leur maison, de leur région, et n'avaient pas grand chose pour vivre, peu d'argent.
" J'étais en âge de rentrer à l'école secondaire quand c'est arrivé, et j'ai éprouvé beaucoup de ressentiments contre mon père. Je ne comprenais pas ce qu'il accomplissait. C'est quand je commençais à manier le rythme et la rime. "
Son intérêt pour l'écriture et la composition s'est épanoui au Martin Méthodist collège et à l'université de North Alabama. Parallèlement, il travaillait dans une papeterie locale et en tant que représentant de commerce en poissonerie à la Tennessee River. Il forma aussi son propre groupe de country et joua régulièrement des chansons de Merle Haggard, George Jones, Willie Nelson et Dwight Yoakam au " Back porch restaurant " à Shiloh, Tennessee.
" Dès que j'ai obtenu mes examens du collège, j'ai vraiment commencé à travailler avec acharnement à l'écriture de chansons. "
Avec ses diplômes en poche, il a fait de la recherche en biologie à Tuscumbia ( Alabama), est retourné ensuite à Hardin County pour enseigner quelque temps à l'école et vendre des voitures. Il a ensuite travaillé dans la vente de produits chimiques pour une firme à Bâton Rouge. Puis, en association avec des amis, il a monté sa propre entreprise en produits chimiques. Mais pendant tout ce temps, il n'a jamais abandonné la musique .
" J'écrivais des chansons et faisais des maquettes avec des potes à Burnsville ( Mississipi). Un de mes amis, Steve Bigbee, croyait vraiment en mon talent. Il m'a donné 1000 dollars et m'a dit : " allons dans un studio. Je veux que tu enregistres. " Il a été le premier à investir de l'argent dans ma carrière de chanteur. Je lui ai promis que si ça marchait à long terme, je lui achèterai un piano à queue. Aujourd'hui, j'ai été reconnu grâce à plusieurs hits, et espère acheter un piano. "
Les enregistrements de " Bigbee " l'on conduit à un contrat d'auteur-compositeur avec FAME qui publie à Muscle Shoals ( Alabama). Darryl a alors vraiment abandonné sa vie d'homme d'affaires prospère pour se lancer dans la musique. Chanter est alors devenu un moyen de survivre.
Seul George Jones a enregistré quelques-uns de ses premiers morceaux avec Archer Park et les Hutchins. Mais en 1994, Darryl a l'impression de mal gérer son temps, de tourner dans le vide. Cependant, il hésite à se rendre à Nashville.
" J'ai eu treize offres en tant qu'auteur-compositeur, et tout le monde s'intéressait à moi en tant qu'artiste. Mais je ne me sentais bien avec aucun d'entre eux, j'éprouvais un sentiment de gêne. Alors je suis rentré chez moi et j'ai travaillé avec mon frère en tant que forestier pendant six mois. Mon père me disait : " tu dois profiter de cette période pour remettre tes idées en place, fais un examen de conscience, et demande-toi ce que tu veux vraiment faire ". Pendant ces quelques mois, j'ai écris ce que je pense être mes meilleures chansons. Tous les soirs, après le boulot, je prenais ma vieille Yamaha et je m'échappais. Parfois je me disais, je ne vais pas continuer à vivre sans que la musique occupe une part énorme de ma vie, et je pense avoir un don dans l'écriture de chansons. Les jours où je ne bossais pas avec mon frère, je me rendais à Nashville pour travailler avec des co-écrivains. Ces personnes ne m'ont jamais abandonné.
Jason Houser est un mec qui a travaillé pour FAME puis pour EMI à Nashville. Un jour, je l'ai aperçu dans une ruelle derrière Music Row. J'ai stoppé ma camionette, l'ai invité à monter, et je lui ai joué trois chansons dont " A good day to run " . Il m'a appelé le lundi suivant et m'a dit : " Marché conclu, viens signer les papiers ". C'est ce que j'avais toujours attendu. Je savais que si je voulais être vraiment compositeur, je devais me faire une place à Nashville. Quand je suis allé à EMI, j'ai eu la certitude que c'était ce que le Seigneur voulait que je fasse de ma vie. Il me permettait de m'investir totalement dans la musique et de ne plus jamais renoncer ".

EMI le présenta au producteur Frank Rogers, qui travaillait alors sur le disque de Brad Paisley. Darryl et Frank ont tout de suite accroché, et ont décidé de collaborer. Les résultats de ces scéances ont fait dresser les oreilles des labels. Les responsables réclamèrent des concerts promotionnels. Une fois encore, Darryl s'est retourné vers sa terre de naissance.
" J'ai dit : tu sais quoi ? Si tes gars veulent m'entendre jouer, je joue tout le temps chez moi, dans les " Honky-Tonks ". Alors nous avons réservé le Savannah Moose Lodge pour le vendredi soir et avons donné toutes les indications pour s'y rendre. "
Gary Overton, de EMI, insista pour que James Stroud, à la tête de Dreamworks Records à Nashville, fasse la route. Pressé par le temps mais envieux de voir le concert, Stroud prit son jet privé et atterrit à l'aéroport local.
" Je n'y croyais pas. L'avion était plus gros que le hangar et l'aéroport ! L'anecdocte marrante est que, ils sont descendus de l'avion, se sont rendu au bâtiment et ont dit : " Nous devons louer une voiture ". Le gars a rétorqué : " Vous pouvez pas louer de voiture ici " et James a répondu " Nous sommes supposé nous rendre au Savannah Moose Lodge et entendre ce chanteur de country, Darryl Worley ". Le gars a dit : " Ok, si vous allez voir Darryl, ici, prenez ma voiture ", et il leur a lancé les clés. C'est très représentatif de la mentalité des gens qui vivent là, dans cette région qui est la mienne. "
Et c'est sûr, durant toute sa vie, Darryl s'est autant nourri des valeurs qu'il a trouvé auprès de ses voisins que de celles de ses parents. Et immanquablement, c'est " chez lui " qu'il a trouvé sa femme, Beverly.
" Elle était dans la même école que mon jeune frère, je la connais donc depuis des années. Elle allait toujours dans les " Honky-tonks " où je jouais. Nous avons été amis pendant deux ans. Elle nous suivait partout et faisait la cuisine pour moi et mes potes. On jouait aux cartes. C'était très platonique, pas de galipettes. C'était la première fois que j'avais une telle relation avec une femme, et je suis tombé amoureux. "
Darryl et Beverly se sont mariés le 11 mai 2001 et se sont installés dans la campagne du Tennessee si chère à son cœur et si proche de sa musique.

Karine