Quand
on entend sa stupéfiante voix de baryton riche et mature, on
réalise tout de suite que la country music a nourri l'enfance,
le cur et la vie de Joe Nichols.
" Ca commence quand t'es môme. C'est comme rêver
de devenir pompier, ou n'importe quoi d'autre: tu veux être grand
dans quelque chose. Pour moi, c'était la country music; c'était
ce qui m'intéressait. C'est comme grandir avec une certaine nourriture,
ou une couverture fétiche, ou un pull, ou un tissu: plus tard,
tu veux absolument retrouver cette chose, la réidentifier. "
Joe Nichols a grandi avec un grand-frère et une petite sur
à Rogers, Arkansas, une ville de taille moyenne proche de Fayetteville.
Dans cette " banlieue ", la mère de Joe qui travaille
dans une banque était souvent seule car son père était
conducteur de camions. Il jouait aussi de la basse et chantait dans
un groupe. Joe Nichols voulait écouter et voir les concerts de
son père au VFW. Comme le grand-père et les oncles de
Joe, son père jouait de la country music classique.
" Ce style de country que j'ai toujours aimé écouter,
mes albums préférés étant ceux de George
Jones, Merle Haggard, Marty Robbins. "
A l'école secondaire dans les années 1990, les amis de
Joe avaient d'autres préférences musicales.
" Les gens avec qui je sortais avaient une culture pop, ce qui,
à l'époque, signifiait écouter des groupes de rock
and roll très populaires: AC/DC, Motley Crüe et d'autres
encore. Bien sûr, je pensais qu'ils étaient cools, mais
leur musique , bon, je l'aimais sans plus. C'était bien, mais
de là à être passionné par cette musique,
je ne pouvais pas. "
Dans les années 80 et 90, Joe Nichols a commencé à
s'intéresser à des artistes comme Randy Travis et Alan
Jackson, des héritiers de Jones, Haggard, Robbins.
" Ils ont de très belles voix et un son travaillé.
Ils sont en plein dans la tradition. Mais dans leur musique, tout est
nouveau. "
Traditionnel mais novateur. Ces deux mots résument bien son album
" Man with a memory ". Produit avec une excellence remarquable
par le grand guitariste de Nashville, Brent Rowan, l'album nous fait
découvrir une country music novatrice jouée et chantée
avec une telle passion qu'il n'y manque rien.
" La musique que Brent et moi avons enregistré a quelque
chose de simple, mais en fait, c'est très dur d'être simple.
Nous ne payons pas nos musiciens pour qu'ils jouent fort et fassent
du bruit, nous voulons que chaque note ait de l'importance, il n 'y
a pas de mixeur ! "
A la place, il y a une douzaine de chansons, toutes chantées
par Nichols avec éclat et intensité, qui témoigne
de différentes façons de la vitalité durale de
la country classique. La ballade " The impossible " parle
des moments imprévisibles et difficiles de la vie, comme un homme
qui implore une femme de ne pas renoncer à eux deux, même
si la " fureur du vent " peut être rude. " Brokenhearstville
", au rythme tranquille, décrit une fille et son nouveau
copain s'en allant au volant d'une Cadillac pendant que son ex porte
avec amertume un toast à son futur. " She only smokes
"
retrace la détresse d'une femme qui ne fume que quand elle boit,
ce qui généralement arrive quand elle a le coeur brisé
par un homme. C'est un air honky-tonk nouveau , comme pour les autres
chansons plus optimistes comme " Joe's place " qui célèbre
un bar où on conserve des ufs dans un pot à vinaigre
et où un jukebox diffuse des airs de " Willie, Haggard and
Jones ". Puis, il y a " Everything's a thing ", une des
trois chansons de l'album co-écrite par Joe Nichols (avec "
Cool to be a fool " et " Can't hold a halo to you ").
C'est un air de blues qui nous entraîne sur le chemin de la réflexion
et qui conclut que " tout est arrangé/ dans le fond/ peu
importe ce que c'est/ chaque chose a une signification " .
" Man with a memory " est exactement l'album que Joe Nichols
voulait produire et chanter à Nashville, celui qui était
en gestation depuis son enfance en Arkansas.
" Les gens comme moi ont grandi en se nourrissant de ce qu'ils
ont écouté il y a longtemps, et ils n'ont pas oublié
le son, le style. Les chansons ne doivent pas parler de choses irréalistes
et irréalisables dans l'instant
ça peut être
par exemple naviguer un bateau sur un lac. Le sujet de préoccupation
ne doit pas porter sur les courses de chevaux et les tirs d'armes à
feux, mais pour le son de la country classique, il doit se nourrir du
pays et parler du cur, même si c'est une forme étriquée
de la vie quotidienne. "
Après avoir fait de petits boulots d'intermittent du spectacle
et technicien, Joe Nichols a été mis en contact avec Rowan
il y a trois ans. Son meilleur ami, Brian Spradlin, guitariste, travaillait
dans une compagnie de transport et s'occupait du matériel de
Rowan. Il a insisté pour que Rowan rencontre Joe, ce qu'il a
fait et de là est née leur collaboration. Ils ont la même
vision des choses et se sont entendu dés le début.
" Brent et moi, on voulait produire un disque qu'on aurait acheté.
On voulait enregistrer un album sans faire de compromis, et sans concession,
un disque dont on soit fier de tous les morceaux. On voulait douze morceaux,
et vraiment, on s'est battu pour chacun d'entre eux. J'aime les enregistrements
réussis et je veux seulement les chanter. "
Et il l'a fait.
" Le cur des paroles et de la musique doit s'inspirer
de ce que tu connais, de ce que tu sens. Tu peux ajouter du piquant,
le relever, ajouter ça ou enlever ça. Tu peux y mettre
de la couleur, lui donner un son moderne, le rendre différent,
unique. Je pense que tu peux ajouter des éléments à
la country classique sans en faire disparaître la base même.
Tu peux porter tous les styles de vêtements que tu souhaites,
mettre ce pantalon ou cette chemise. Mais cette base de la country classique,
c'est celle que je porte en moi depuis toujours, c'est celle qui me
ramène chez moi. Parce que c'est là qu'elle est pour moi.
"
Joe Nichols a reçu cette année le Grammy nods du meilleur
album de country et le prix de la meilleure voix masculine country,
et son single " The impossible " a été nominé
au Grammy pour la meilleure chanson de country. Ses deux singles sont
en première position au country radio charts, et la vidéo
" Brokenheartsville " figure au premier rang du CMT Video
Chart.
INTERVIEW:
Titre
de l'album : Man with a memory
Producteur : Brent Rowan
Premier boulot : à douze ans, j'ai parcouru avec mon frère
une dizaine de km pour ramasser des myrtilles et les vendre à
§1,50 la barquette.
Première expérience de chanteur en public : c'était
lors d'une réunion de famille, mon oncle avait acheté
un karaoké. J'avais à peu prés quatorze ans et
je me suis levé pour chanter. Tout le monde a été
surpris que je puisse alors tenir une mélodie.
Première petite amie : elle s'appelait Mona, on s'est
rencontré au jardin d'enfants. J'ai eu le béguin pour
elle pendant plusieurs années.
Plat préféré : Sushi.
Sport préféré : Football- non, baseball-
non, football.
Hobbies : j'essaie de donner des coups de canne dans une petite
balle blanche et je crois qu'on appelle ça du golf.
Endroit préféré de vacances : j'aime skier
à Vail. Je veux aller en Europe pour visiter de vieux pays.
Chanson préférée : " Foot lights "
de Merle Haggard. C'est une vieille chanson que Hank Jr et Merle ont
enregistré.
Première voiture : un 69 Chevy pickup blanc, un vrai d'origine.
Les freins ont laché et ça a été la fin
du pickup.
Musique actuelle : mon chargeur de CD dans la voiture a Don William
" Live at the Palladium ", Randy Travis " Storms of life
", AC/DC " Back in black " et Merle Haggard " Untamed
Heart ".
Visions pour cette année : je me vois dormant très
peu et travaillant durement la musique. J'ai attendu longtemps pour
faire ça.
La chose la plus surprenante chez vous : je suis quelqu'un de
timide.
Moment le plus heureux : quand j'ai eu la chance de rencontrer
Tony Brown et Tim Dubois, les présidents de ma maison de disques.
Moment le plus effrayant : jouer pour la première fois
au " Grand Ole Opry ".
Endroit préféré : chez moi.
Devise personnelle : tout est entre les mains de Dieu.
Qui voulez-vous renconter : Dieu, Elvis, Hank Williams.
Karine
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